Le système du « kafala » dans les monarchies du golfe, ou l’esclavage des temps modernes
Le rôle contre révolutionnaire des monarchies réactionnaires et dictatoriales du Golfe n’a cessé à être mis en avant dans les processus révolutionnaires du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, que ce soit d’un côté dans le soutien de la majorité des pays du Golfe mené par l’Arabie Saoudite aux anciens régimes autoritaires comme aux miliaires en Egypte, et de l’autre côté le Qatar, de plus en plus mis en difficulté par ses voisins d’ailleurs qui n’acceptent pas son cavalier seul, pour son soutien aux Frères musulmans dans la région.
Dans les deux cas, même si la tactique diverge sur quel acteur soutenir, la stratégie sur le long terme est la même : maintenir des régimes plus au moins autoritaires, religieux ou pas, continuer à promouvoir des politiques néolibérales au niveau économique, et ne pas remettre en cause les rapports de domination à l’impérialisme occidental et de même que le statu quo avec Israel.
Ces différences entre les pays du GCC ont d’ailleurs été dépassées lorsqu’il s’agissait d’intervenir militairement à travers la force militaire conjointe du GCC afin de protéger les élites dirigeantes de la monarchie du Bahrain d’une révolution populaire qui menaçait de les renverser et d’avoir des conséquences dans toute la région.
Les monarchies réactionnaires du Golfe ont également été les principales bénéficiaires des politiques néo libérales (privatisation, ouverture et dérégulation des marchés), dans la région du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord lors des 20 années précédent le début des processus révolutionnaires fin 2010 et début 2011, il est donc dans leur intérêt de limiter ou réduire tout changement radical qui remettrai un statu quo qui lui est favorable.
Entre 2008 et 2010, les pays du GCC étaient les premiers investisseurs étrangers en Egypte, au Liban, en Jordanie, en Palestine, en Libye et en Tunisie, tandis qu’ils étaient second au Maroc et en Syrie. Et ces chiffres sous-estiment l’emprise des pétromonarchies sur l’économie régionale, parce qu’ils ne comprennent pas les investissements de portefeuille (boursiers), les fonds souverains, les crédits aux Etats, etc.