Archive pour la catégorie 'Histoire'
Il y a 40 ans : les manifestations dans les villes industrielles du nord de la Pologne
Il y a 40 ans
les manifestations dans les villes industrielles du nord de la Pologne
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Tariq Ali : « Les politiciens passent un temps fou à se demander si les femmes qui portent un voile sont opprimées »
Tariq Ali
« Les politiciens passent un temps fou à se demander si les femmes qui portent un voile sont opprimées »
Que pensez-vous du débat qui sévit en France autour du voile dit «islamique»?
Les politiciens passent un temps fou à se demander si les femmes qui portent un voile sont opprimées. Si c’était le cas, une intervention extérieure serait promise à l’échec. Rappelez-vous les cérémonies de dévoilement forcé des femmes en Algérie durant la colonisation. Elles étaient menées au nom des valeurs de la République…
Si les femmes voilées étaient opprimées, il serait plus efficace qu’elles s’organisent elles-mêmes. Plus généralement, cette focalisation des politiques à travers l’Europe sur le voile et sur l’islam est un signe de l’immense vague d’islamophobie qui submerge le continent.
Est-ce dangereux, selon vous?
Bien sûr que c’est dangereux!
Le langage utilisé s’apparente souvent à celui employé à propos des Juifs dans les années 1920, 30 et 40. Comme si nous n’avions rien appris depuis la Seconde Guerre mondiale; comme si toutes les leçons tirées de l’Holocauste n’avaient pas de portée. Nous sommes tous contre ces atrocités, mais les discriminations qui se déroulent sous nos yeux n’attirent pas notre attention, comme si la situation actuelle n’avait pas de lien avec ce qui s’est passé dans la première partie du XXe siècle.
Les questions religieuses sont très utiles pour aider les Etats-Unis à maintenir leur hégémonie. Dans le monde islamique, vous devez savoir qu’il existe toutes les nuances de l’arc en ciel: en Egypte, les Frères musulmans s’apparentent aux partis démocrates-chrétiens d’Europe. A l’autre bout du spectre politique, vous avez les organisations militantes, comme le Hezbollah au Liban, qui a défait par deux fois l’armée israélienne.
Par ailleurs, si ces forces d’inspiration religieuse dominent actuellement le Proche-Orient, c’est parce que les autres forces, notamment la gauche nationaliste, ont été éliminées par l’Occident et remplacées par ces mouvements religieux, comme on peut le voir en Irak.
Que pensez-vous de l’attitude de la gauche européenne sur ce sujet ?
La gauche européenne ne doit pas se joindre à ceux qui veulent régenter la manière de s’habiller des citoyens. En 1922, par exemple, durant le Congrès de la IIIe Internationale, les communistes indonésiens luttaient contre la doctrine léniniste. Les Indonésiens voulaient que les communistes s’attaquent à la question coloniale et cessent de considérer l’islam comme un ennemi.
Le leader communiste indonésien, Tan Malaka, expliquait alors: «Nous sommes treize mille dans un pays où une majorité de paysans et de travailleurs croient en Allah. Nous collaborons avec Sarakah, un mouvement religieux qui regroupe cent mille paysans et qui a adopté notre programme politique en totalité. Bien sûr, nous préférerions qu’ils ne soient pas croyants, mais cela nous apparaît secondaire depuis qu’ils nous ont expliqué: ‘Nous n’avons rien dans ce monde, vous voudriez maintenant nous supprimer le paradis! »
C’est frappant de voir que la question religieuse s’est aussi posée au Parti communiste italien, qui était la principale organisation prolétarienne occidentale après 1945. Ses dirigeants s’étonnaient de leurs difficultés à mobiliser leurs militants le dimanche matin. Puis ils ont compris que leurs militants allaient en masse à la messe.
Ils caressèrent le projet d’interdire toute pratique religieuse à leurs membres, avant de se rendre compte qu’une telle décision leur ferait perdre la moitié de leurs militants. Au final, rien ne sert de s’interroger sans fin sur la signification du port du voile.
La question importante est: où se situent les valeurs de la République? Ne serait-ce pas plutôt dans un accès à tous à l’éducation et à l’emploi?
PROPOS RECUEILLIS PAR OVN- Le Courrier (source incomplète)
qui est Tariq Ali ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tariq_Ali
Tariq Ali (né le 21 octobre 1943 à Lahore) est un historien, écrivain et commentateur politique britannique, d’origine pakistanaise. Il est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages, en particulier sur l’Asie du Sud, le Moyen-Orient, l’histoire de l’Islam, l’empire américain et la résistance politique.
Il est membre du comité de rédaction de la New Left Review, et contribue régulièrement à The Guardian, CounterPunch et à la London Review of Books. Il est directeur éditorial de la maison d’édition londonienne Verso.
Critique du néolibéralisme, il était présent au Forum social mondial de 2005 à Porto Alegre (Brésil) et l’un des dix-neuf à signer le Manifeste de Porto Alegre.
Il est membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont commencé le 4 mars 2009.
Il vit actuellement à Londres
en 68, avec Vanessa Redgrave
Rosa Luxembourg et la peine de mort
Rosa Luxembourg et la peine de mort
Un Devoir d’honneur
Nous n’avons sollicité ni « amnistie » ni pardon pour les prisonniers politiques qui ont été les victimes de l’ancien régime. Nous avons exigé notre droit à la liberté, par la lutte et la révolution, pour les centaines d’hommes et de femmes courageux et fidèles qui ont souffert dans les prisons et les forteresses, parce qu’ils ont lutté pour la liberté du peuple, pour la paix et pour le socialisme, contre la dictature sanglante des impérialistes criminels. Ils sont maintenant tous libérés. Et nous sommes à nouveau prêts pour la lutte.
…/…
Mais une autre catégorie d’infortunés habitants de ces lugubres demeures a été complètement oubliée. Jusqu’ici personne n’a pensé aux êtres pâles et maladifs qui souffrent derrière les murs des prisons pour expier des délits mineurs.
Cependant, eux aussi sont des victimes infortunées de l’ordre social abominable contre lequel se bat la révolution, des victimes de la guerre impérialiste qui a poussé la détresse et la misère jusqu’aux plus extrêmes limites, des victimes de cette épouvantable boucherie qui a déchaîné les instincts les plus bas.
La justice de la classe bourgeoise a de nouveau opéré comme un filet laissant échapper les requins voraces tandis que le menu fretin était capturé. Les profiteurs qui ont gagné des millions pendant la guerre ont été acquittés ou s’en sont tirés avec des peines ridicules, mais les petits voleurs ont reçu des peines de prison sévères. Epuisés par la faim et le froid, dans des cellules à peine chauffées, ces enfants oubliés de la société attendent l’indulgence, le soulagement. Ils attendent en vain.
…/…
La révolution prolétarienne doit maintenant éclairer la sombre vie des prisons par un petit acte de pitié, elle doit écourter les sentences draconiennes, abolir le système disciplinaire barbare (détention en chaînes, châtiment corporel), améliorer les traitements, les soins médicaux, les rations alimentaires, les conditions de travail. C’est un devoir d’honneur !
Le système pénal existant, tout imprégné de l’esprit de classe brutal et de la barbarie du capitalisme, doit être totalement aboli. Une réforme complète du système d’accomplissement des peines doit être entreprise. Un système complètement nouveau, en harmonie avec l’esprit du socialisme, ne saurait être basé que sur un nouvel ordre économique et social.
Tous les crimes, tous les châtiments, ont toujours en fait leurs racines implantées dans le type d’organisation de la société. Cependant, une mesure radicale peut être mise en oeuvre sans délai.
La peine capitale, la plus grande honte de l’ultra-réactionnaire code pénal allemand, doit être immédiatement abolie[4].
…/…
Mais calculez, montre en main, combien de temps il vous faut pour dire : « la peine de mort est abolie ».
Ou est-ce que vous voulez un débat en longueur, finissant par un vote entre vous sur ce sujet ? Est-ce que vous allez encore vous fourvoyez dans des couches et des couches de formalités, des considérations de compétence, des questions de tampon approprié et autres inepties ?
…/…
Prenons n’importe quelle histoire de la grande révolution française ; prenons par exemple l’aride Migne. Quelqu’un peut-il lire ce livre sans sentir battre son coeur et son esprit s’enflammer ? Quelqu’un peut-il, après l’avoir ouvert à n’importe quelle page, le laisser de côté avant d’avoir entendu le dernier accord de cette formidable tragédie ? Elle est comme une symphonie de Beethoven portée jusqu’au gigantesque, une tempête sonnant sur les orgues du temps, grande et superbe dans ses erreurs comme dans ses exploits, dans la victoire comme dans la défaite, dans le premier cri de joie naïve comme dans son souffle final. et quelle est la situation maintenant en Allemagne ?
Partout, dans les petites choses comme dans les grandes, on sent qu’on a affaire encore et toujours aux anciens et trop prudents citoyens de la vieille social-démocratie, à ceux pour lesquels la carte de membre du parti est tout, alors que les êtres humains et l’intelligence ne sont rien.
Mais l’histoire du monde ne se fait pas sans grandeur de la pensée, sans élévation morale, sans nobles gestes.
Liebknecht et moi, en quittant les résidences hospitalières que nous avons récemment habitées – lui quittant ses camarades de prison dépouillés, moi mes chères pauvres voleuses et prostituées dont j’ai partagé le toit pendant 3 ans et demi – nous leur fîmes ce serment, tandis qu’ils nous suivaient de leurs yeux pleins de tristesse, que nous ne les oublierions pas !
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Nous exigeons l’élimination de la peine de mort du code pénal allemand !
Des rivières de sang ont coulé en torrents pendant les quatre ans du génocide impérialiste.
Aujourd’hui chaque goutte de ce précieux liquide devrait être conservée respectueusement dans du cristal.
L’énergie révolutionnaire la plus constante alliée à l’humanité la plus bienveillante : cela seul est la vraie essence du socialisme. Un monde doit être renversé, mais chaque larme qui aurait pu être évitée est une accusation ; et l’homme qui, se hâtant vers une tâche importante, écrase par inadvertance même un pauvre ver de terre, commet un crime.
Rosa Luxemburg
Die Rote fahne , 18 novembre 1918